Phytocène

Juin 2021

Par Agoria, Nicolas Becker et Nicolas Desprat

Phytocène est issue de la collaboration du musicien et artiste Agoria, du sound designer Nicolas Becker et du biophysicien Nicolas Desprat. Tous trois ont accordé leurs divers domaines d'expertise pour explorer les rouages de l'écosystème du sol du Marais. Celui-ci fut finalement incarné dans la poésie d'une œuvre musicale, traduction sonore de l'activité bactériologique du champ de chanvre du Marais. 

Phytocène, du grec ancien phytos (plante) est une immersion dans le fonctionnement interne de la nature, une œuvre expérimentale mêlant bio-sciences et musique explorant les moyens de communication dont use la nature entre ses très diverses composantes. 

Les plantes communiquent avec leur environnement par le biais d'un réseau de signes intriqués, bien souvent inintelligibles à nos oreilles. Notre langage humain, en comparaison, s'avère fort simple.

En plaçant les sondes ORP-30-2-A dans le sol du Marais, ce consortium à la fois artistique et scientifique a recueilli les données d'une plante de chanvre millésimée, de sa respiration à sa photosynthèse. À l'échelle microscopique, les bactéries recueillies s'assemblent et se désassemblent en diverses communautés, révélant leur manière de « faire société » dans une écosphère leur étant propre. Les données en temps réel, l'identité de la plante et ses moyens d'expression viennent générer une texture végétale et musicale, rythmée par la croissance du chanvre. 

En interprétant et incarnant ce langage crypté au travers d'un paysage visuel et sonore, artistes et scientifiques s'associent en vue d'inaugurer un espace commun entre deux univers, humain et végétal, où les sondes font office de canaux de communication. 

Phytocène reflète le cycle de vie complet des plantes, de l'ensemencement à la récolte. Le premier NFT végétal à illustrer ce cycle sera un logotype de la respiration de la plante, une fenêtre ouverte sur les rouages du monde végétal, authentifié par une propriété numérique. 

L'intégration de l'œuvre à une blockchain est un processus endogène : le phytocène étant par essence immatériel, la blockchain est la réponse aux questions que pose la rencontre entre l'intelligence humaine, artificielle et végétale. Le sol forme finalement la blockchain originelle, appuyant l'idée que la technologie humaine se calque sur les logiques de la nature. 

Loin d'appliquer un paradigme humain au monde végétal, plaquant une grille de lecture inadaptée à un modèle bien différent du nôtre, Nicolas Becker, Agoria et Nicolas Desprat exhortent à un pas de côté, une « auto-phytomorphisation » : « penser » comme une plante.